Mémoire et représentations mentales
Si vous avez eu l’occasion de regarder la superbe série de la BBC Sherlock, vous vous êtes peut-être demandé si cette histoire de « palais mental » avait un sens.
La réponse est oui ! C’est une technique presque vieille comme le monde ! Elle fut découverte, parait-il, pour la première fois par Simonide, c’est à dire dans l’Antiquité. L’histoire est comme suit: lors d’un accident d’effondrement, il eut la chance de s’en sortir. Lorsqu’il dût évoquer les victimes, il n’eut aucun mal à dire lequel de ses compagnons était mort et sous quel pierre. Il découvrit plus tard qu’il pouvait y avoir une utilité moins morbide à cette technique pour associer des éléments dont il souhaitait se souvenir avec les lieux qu’il connaissait bien.
Cette méthode est aussi utilisée par les athlètes de la mémoire dans les compétitions de mémorisation. Car il est vrai, et la série Sherlock y invite, dans un monde où tout est numérisé, parfois, le seul endroit vraiment sûr pour garder une information reste votre propre cerveau. Une explication plutôt exhaustive de cette technique appelée « Méthode des Loci » est disponible sur Wikipédia.
Mais au delà de savoir que cette méthode fonctionne, qu’est-ce qui la rend si efficace ?
D’après les recherches, la mémoire semble être stockée sous forme d’un enchaînement de neurones. Plus cet enchaînement de neurones est stimulé, plus la mémoire en sera forte. Lorsqu’un possède un lieu bien connu en mémoire, son enchaînement a été répété un nombre incalculable de fois. Il est donc astucieux d’associer un souvenir neuf (donc peu répété) à un souvenir fortement ancré pour qu’il bénéficie de sa force mémorielle.
Mais cela ne s’arrête pas là, car il suffirait alors d’associer des éléments à un autre souvenir fort. L’autre avantage de cette méthode, est qu’elle utilise un aspect peu connu du cerveau humain: son appréciation des représentations tri-dimensionnelles. Votre cerveau ne stocke pas seulement les lieux sous forme 3D mais également la plupart de vos autres souvenirs ainsi que certains concepts abstraits comme la notion du temps. Je m’explique. Si vous avez grandi dans une culture « occidentale », vous aurez une préférence pour placer le futur sur votre droite ou devant vous. Différemment, les personnes de culture japonaise auront tendance à placer le futur vers le haut. Dans la même logique, pour les occidentaux, le passé est sur la gauche ou derrière, en bas pour les japonais. Cela vient (entre autres), de l’apprentissage via des frises chronologiques et du sens d’écriture (voir à ce sujet l’influence des langues).
La technique du palais mental utilise donc à la fois un souvenir fortement ancré ainsi qu’un emplacement 3D distinct. Pensez-y la prochaine fois que vous devrez vous souvenir de quelque chose 😉 !
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