Ma première startup: 8 leçons à retenir
Dans le cadre du stage de mi-parcours à 42, j’ai choisi de monter une startup avec un ami. Comme d’habitude, les premiers essais sont souvent un ensemble de tentatives plus ou moins ratées. Nous avons choisi de monter une plateforme pour ostéopathes. Voici les pièges à éviter si vous allez vous jeter à l’eau.
1. Obtenir un retour client le plus rapidement possible
Notre première grosse erreur fut de ne pas avoir de retour client pendant quasiment 6 mois. J’avais pourtant lu des blogs de startups et je savais qu’il était important d’avoir rapidement un retour client, mais je voulais sortir une première version exceptionnelle. Après tout, j’avais aussi lu que la première impression compte énormément et je ne voulais pas décevoir nos futurs clients. Mais 6 mois c’est long, beaucoup trop long. Lorsqu’on a sorti notre première version, il y avait un écart entre les attentes de nos clients et ce qu’on avait développé. Alors que je pensais avoir quelque chose d’abouti et soigné, les retours ont été mitigés: certaines parties étaient excellentes et d’autres médiocres. Parfois, les utilisateurs ne comprenaient pas l’utilité ou le fonctionnement de telle ou telle chose. Enfin, certains choix étaient vraiment trop audacieux et personne ne comprenait leur fonctionnement.
Ma recommendation: faites tester votre produit le plus rapidement possible, quitte à ce que ce soit sur des croquis ou des prototypes minimes.
2. Vitesse d’execution et qualité – attention à la dette !
Malgré notre court développement de 6 mois, nous avons sorti plein de fonctionnalités mais cela s’est accompagné par l’accumulation de dette technique. Qu’est-ce que c’est, me direz-vous ? C’est une métaphore pour décrire la qualité du projet en terme de code informatique. Cela influe sur deux caractéristiques principales: la correction de bugs et la flexibilité au changement. Lorsqu’il y a un impératif de temps, on prend souvent des raccourcis, et on réfléchit moins sur les conséquences à long terme pour obtenir quelque chose de fonctionnel rapidement. Mais une fois que vous avez vos premiers clients, s’il faut changer drastiquement quelque chose et que ce n’était pas prévu, vous vous retrouvez à devoir recommencer tout ou partie du programme. C’est donc un équilibre difficile à maintenir entre vitesse de développement et dette technique.
Surveillez cela donc de près pendant tout votre développement pour ne pas vous retrouver coincés.
3. Les contraintes externes
Si vous faites quelque chose d’innovant, il est fréquent de tomber sur des contraintes qui vont vous empêcher de réaliser votre projet. Pour nous, ce fut sur l’aspect sécurité. La législation française a des règles très strictes en matière de données personnelles et surtout en lien avec la santé (et c’est tant mieux). C’est par contre un vrai problème d’un point de vue technique et innovation car cela impose de grosses barrières tant techniques que légales. Certaines de ces contraintes que nous avons découvert trop tardivement ont annihilé des semaines de travail car nous avons dû recommencer pour les prendre en compte. Je vous conseillerai de bien vous renseigner au préalable sur le domaine où vous souhaitez vous développer car il déterminera de nombreux passages obligés pour votre développement. Une bonne façon d’aborder ce genre de problématique est de faire des petits POC (pour Proof Of Concept) pour voir si votre méthode tient la route. Cela permet de rapidement trouver une solution viable avant de se lancer dans le « vrai » développement. Bref, soyez très bien informés de ce qui vous attend !
4. Les gouffres à temps
Nous voilà sur le piège des débutants et des perfectionnistes. En tant que débutant, j’ai perdu du temps sur les aspects administratifs (rédaction des mentions légales, CGU/CGV, status, …) car c’était des choses totalement nouvelles et que je ne voulais surtout pas de problèmes de ce côté là. Mais à la limite, tout le monde doit passer par là donc à moins d’avoir un juriste dans votre équipe fondatrice, c’est un temps que tout le monde prend tôt ou tard. Par contre, le perfectionnisme est vraiment dangeureux. Il m’a fait perdre des journées parfois sur des détails qui sont finalement insignifiants dans l’image globale. J’ai appris bien plus tard à faire le tri entre les choses qui méritent qu’on y passe du temps en répondant à cette simple question: est-ce que la chose sur la quelle je suis en train de travailler influe directement et positivement sur l’expérience client ? Si la réponse est non, il est probable que vous perdez du temps. Ce n’est pas une règle générale mais elle s’applique plutôt bien. Si comme moi, vous avez le souci du détail, votre problème sera que vous n’aurez jamais l’impression que votre produit est terminé. Attention aux gouffres à temps et prenez régulièrement du recul sur ce que vous êtes en train de faire.
5. Les associés
Tout le monde s’accord à dire que dans le monde des startups, l’équipe fondatrice est clé. Dans un sens, monter une entreprise c’est un mariage, mais pire: vous allez passer quasiment tous les jours avec vos associés et vous allez devoir interagir tout le temps. Je dis « devoir interagir » car même les jours où vous n’êtes pas bien lunés, il va falloir avancer et discuter. Lors de la création de notre équipe nous avons failli faire équipe avec un associé qui n’était pas du tout sur la même longueur d’ondes que nous. Heureusement, quelques jours avant la signature des statuts nous nous en sommes rendus compte ! Il peut aussi y avoir des histoires personnelles ce qui complique la chose, mais des divergences d’opinions suffisent souvent à dissoudre l’équipe. Passez du temps à discuter, échanger, parler avec vos futurs associés. Connaissez leurs goûts, leur comportement en cas de stress ou de fatigue. C’est presque la chose la plus importante, avant même de monter une entreprise et de faire un produit quel qu’il soit. Car une bonne équipe finira toujours par s’en sortir. Si vous ne savez pas par où commencez, allez à des hackatons, rencontrez des gens à des soirées startups et passez du temps avec ceux avec qui vous vous entendez bien. Seulement une fois que vous êtes sûr d’avoir trouvé le bon groupe, scellez cela par contrat, pas avant.
6. Savoir coder dans l’équipe
Ce point s’adresse surtout aux startups numériques, mais finalement, c’est utile quel que soit le domaine. Les développeurs entendent trop souvent de la part des personnes qui ne savent pas coder les phrases du style: « C’est facile, il suffit de cliquer et c’est fait ! ». C’est le genre de phrase qui a le mérite de faire perdre toute crédibilité à celui qui l’a prononcée. Le meilleur conseil que je puisse donner pour ce genre de situation est d’apprendre à coder, ne serait-ce que les rudiments. Cela permettra à toutes les personnes de l’entreprise de savoir ce que représente le coût de développement d’une fonctionnalité. Alors certes, cela peut sembler étrange au premier abord mais je peux vous assurer que ce sera bénéfique sur le long terme et vous évitera une montagne de frustrations entre les demandes et les développeurs.
7. Aimer son projet de startup
Vous allez passer un temps fou sur votre projet. Vous allez en rêver, y penser même quand vous n’en avez pas envie. Choisissez donc avec beaucoup de précaution l’objet de votre entreprise. J’ai eu l’occasion de lancer plusieurs sites mais tous n’ont pas su me motiver assez longtemps. Il faut trouver une idée qui vous motive vraiment, surtout dans la durée. Le plus simple est de choisir quelque chose qui vous tient à cœur ou une passion que vous avez depuis longtemps. Il y a ainsi peu de chances que vous soyez désintéressé du sujet au bout de quelques mois. Malgré ça, vous aurez sûrement des périodes de « traversée du désert ». Ce que je peux vous conseiller à ce moment là est de vous amuser: faire un hackaton d’un week-end sur un truc nouveau, tenter une nouvelle interface, préparer un jeu d’enquête pour vos clients, … Cela permet d’aborder le sujet sous un autre angle et de relancer la motivation.
8. Apprendre vite, savoir continuer
Malgré toutes ces embûches et ces difficultés, il faut savoir se relever et avancer. Apprendre de ses erreurs et recommencer. C’est une des principales difficultés dans n’importe quel projet de grande envergure: savoir persévérer et ne pas abandonner en cours de route. Finalement, tous les autres points sont importants: avoir une équipe géniale pour vous motiver les uns les autres, avoir une idée qui vous plait, faire quelque chose qui est vraiment utile, avoir des clients qui utilisent votre produit tous les jours, … C’est à mon avis le plus grand test de votre startup: aurez-vous suffisamment foi en votre projet pour y mettre toute votre énergie et tout votre temps ? Allez-vous abandonner au bout de centaines d’heures et des semaines d’énergie englouties dans votre projet ?
Si vous êtes toujours en train de lire, c’est que vous avez vraiment envie de lancer votre startup. Je vous souhaite surtout beaucoup de bons moments et de courage ! Ce ne sera pas facile tous les jours, mais vous en sortirez grandi. Si vous avez des questions ou que vous avez envie de discuter, n’hésitez pas et contactez-moi ou commentez sous l’article !
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