Scepticisme ou Naïveté ?
De nombreux scientifiques considèrent le scepticisme comme fortement lié à la méthode scientifique. Après tout, le scepticisme a comme principe de base le doute. Et le but de la Science, est de prouver par des expériences reproductibles un fait incontestable pour lever ce doute. Il est possible de considérer la Science comme une forme organisée de scepticisme en quelque sorte.
Mais le scepticisme a pris un autre sens, celui de douter seulement de ce qui n’apparaît pas comme une évidence. Cet autre scepticisme ne doute que sur ce qui sort de l’habituel et du cadre scientifique établi. Implicitement, cela veut aussi dire que ce scepticisme considère que tout ce qui se trouve dans le cadre scientifique établi est de confiance. Ainsi, tout nouveau concept venant invalider une partie du cadre scientifique établi est extrêmement difficile à accepter, même dans une simple discussion hypothétique.
Inversement, les gens considérés comme naïfs acceptent facilement les nouveaux concepts ou idées. Ils sont considérés comme ayant peu d’expérience ou peu de compréhension du monde qui les entoure. Mais rien n’empêche la personne naïve de douter d’un concept si celui-ci ne semble pas fonctionner comme prévu.
La principale différence entre les deux groupes est donc quand commence le doute. Pour certains, il commence dès que l’idée ne semble pas correspondre au cadre scientifique établi. Pour d’autres, il commence dès que l’idée ne semble pas correspondre à ce qu’elle prévoit.
Au niveau de la Science, l’approche de l’autre sceptique est très conservatrice, elle doute de ce qui sort du cadre connu et n’accepte d’y ajouter des éléments que ceux qui sont déjà en accord préalable avec le reste du tableau. Cette approche rejette quasi-systématiquement toute idée venant modifier le cadre connu, même si cela est justifié par une anomalie, une exception dans ce qui a déjà été défini. À l’opposé, l’approche du naïf est de considérer toute nouvelle idée comme plausible puis de faire le tri en fonction de ce qui fonctionne. C’est une approche qui consomme beaucoup de temps pour faire le tri, mais elle permet de ne rater aucune possibilité.
De cette discussion, il ressort quelque chose d’original au niveau de l’approche préférable à avoir du point de vue de la Science, si elle se veut la plus complète possible et d’évolution rapide (donc peu conservatrice) : avoir une approche naïve concernant les nouvelles idées puis les soumettre au test comme le ferait tout sceptique. Cela reste difficile car pour cela, la Science doit accepter de devoir parfois casser ses bases et de tout reconstruire dans la lumière d’une nouvelle découverte. Elle doit aussi accepter des nouvelles idées ou concepts qui peuvent paraître fous ou impossibles mais de cette façon, elle s’assure en échange d’explorer au maximum toutes les possibilités, dans toutes les directions et de tomber peut-être plus fréquemment sur des avancées majeures.
À la lumière de cette réflexion, on comprend mieux l’expression « Le Scepticisme a causé plus de tort à la Science que la Naïveté. » En même temps, il est aisément compréhensible que plus la connaissance s’accumule, plus il est difficile de repartir de zéro et de remettre en cause le travail passé. Cela n’arrive finalement que lorsque les données contradictoires s’amoncellent en montagnes. Alors la prochaine fois qu’on vous parle de quelque chose d’étrange, tendez l’oreille, peut-être est-ce une chose à découvrir !
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