Cerveau et Conscience humaine

La conscience humaine est une drôle de chose:

• Elle est consciente du temps qui passe, c’est à dire qu’elle met constamment en lien le passé et le futur avec l’instant présent;
• Elle est très focalisée, comme un projecteur. Elle ne peut contenir que 7 éléments en mémoire à la fois (c’est ce qu’on appelle la Mémoire de Travail);
• Elle est séquentielle, c’est à dire qu’elle gère les choses dans un certain ordre, elle ne peut pas tout faire à la fois;
• Elle possède des capacités d’abstraction avancées mais toujours dans les limites des contraintes précédentes.

Ces propriétés sont quelque chose de très original dans le monde du vivant. Elles donnent à l’humain des caractéristiques bien particulières.

La notion du temps rend l’expérience passée importante dans notre évaluation du présent et du futur: elle est en lien avec notre mémoire et nous donne la sensation du Je, de l’ego – voir à ce sujet un précédent billet sur notre mémoire.

Notre conscience fonctionnant en séquence, les appareils et machines que nous concevons sont basés sur le même principe: les ordinateurs sont des appareils à fonctionnement séquentiel d’instructions. Même dans les dernières technologies où les processus sont simultanés, une certaine séquence a besoin d’être respectée (verrouillage de ressources, attente des divers acteurs, …).

Lorsque nous sommes attentifs, nous n’arrivons à garder en mémoire que 7 éléments environ, il est donc logique que lorsque nous avons conçu l’ordinateur, celui-ci peut gérer un nombre bien plus grand de paramètres (appelés variables). Ainsi, l’ordinateur devient une sorte de modèle évolué de notre conscience humaine: manipulation d’un grand nombre de variables et un accroissement constant de la vitesse d’exécution des séquences.

Enfin, nous traduisons nos capacités d’abstraction sous forme de langage de plus en plus évolués, complexes ce qui nous permet d’utiliser des mots comme « compassion » que tout le monde comprend sans pour autant en avoir une représentation précise. Nous utilisons également les ordinateurs pour étendre notre imagination avec la création de mondes virtuels, de modélisation, de prototypes plus ou moins fantaisistes et une infinité d’autres outils. Il suffit de voir avec quelle précision sont créés des décors de cinéma et les effets spéciaux.

Mais tout cela ne rend pas notre conscience plus intelligente: au contraire, nous déléguons de plus en plus de tâches aux appareils « intelligents » qui nous entourent, c’est à dire qui nous imitent. De fait, nous utilisons de moins en moins nos propres capacités. Ainsi, notre conscience change, la mémoire de travail s’atrophie, nous n’enregistrons plus les informations mais comment y accéder (suite à l’apparition d’outils tels que Google™) et notre capacité d’imagination s’amoindrit par la quantités d’images de synthèses effectuant cette tâche à notre place.

Jusque là, nous n’avons pourtant parlé que d’une certaine portion des capacités du cerveau. La conscience n’est que la partie dont nous sommes…conscients ! Le cerveau effectue de façon inconsciente une quantité énorme de choses: il régule la fréquence de divers systèmes (cœur, poumons, …), la sécrétion des divers enzymes et hormones, gère l’équilibre, les mouvements, l’immunité… Et tout cela de façon simultanée, tout à la fois, aucune séquence ! On pourrait donc dire que notre cerveau inconscient est bien plus intelligent que notre cerveau conscient. Il est intéressant de noter que dès qu’une tâche devient trop complexe, on la délègue à notre cerveau inconscient, le principal exemple étant les situations d’urgence ou pour les automatismes complexes (conduite automobile par exemple).

Les activités telles que la méditation, l’hypnose, la danse, le sport et les autres activités impliquant fortement les sensations du corps, permettent à la conscience de s’effacer et de laisser le champ libre au cerveau inconscient. On notera que c’est également dans ce genre d’activités qu’on remarque le plus de phénomènes psychologiques originaux, voire étranges: absence de douleur, amnésie, excellente mémoire, catalepsie, perte de la notion de temps, imagination débridée, …

Au final, le cerveau est bien plus intelligent qu’il n’y parait mais n’en plaise à notre ego, c’est quand il s’efface que les choses intéressantes commencent !