L’identité, la posture et le caractère
D’où vient la sensation d’identité ? L’enfant ne possède pas d’identité propre, distincte du monde avant un certain âge. Comment se forme-t-elle ?
Lorsque nous sommes petits, les adultes qui nous entourent vont forger cette identité en s’adressant à nous comme à une entité distincte, autonome et responsable de ses actes: « fais ceci » , « fais cela », « attention à toi », « concentres toi ! », « fais attention ». Ces demande d’effort intellectuel sont difficiles à accomplir. Comment faire pour se concentrer alors qu’on ne sait même pas vraiment ce que c’est ? La seule chose dont nous soyons capable à ce moment là, c’est de prendre un air renfrogné, sérieux en contractant nos muscles. Cela suffit généralement à satisfaire l’adulte effectuant la demande. Et la plupart des adultes ont toujours cette même réaction musculaire lorsqu’ils reçoivent des ordres.
La répétition de cette contraction musculaire associe petit à petit l’acte volontaire à une sensation corporelle. C’est l’ébauche du lien Volonté du Je et Corps sous contrôle de cette volonté. Vient ensuite la question de savoir comment chacun se représente ce Je.
Pour certaines cultures, le Je se situe un peu en avant du plexus cœliaque, appelé aussi plexus solaire (juste sous le thorax). Dans la culture occidentale, la localisation la plus fréquente de ce Je, de l’Ego se situe entre les oreilles et derrière les yeux dans une zone bien réduite. Même si la localisation correspond au cerveau auquel on attribue l’acte de pensée, seule une petite portion est assimilée à l’Ego, même pas toute la tête. Cela donne l’image d’une séparation entre le poste de contrôle et le reste du corps qui pend en dessous.
Vous allez me dire « On peut vivre sans bras mais pas sans tête ! » (quoique la question se pose pour certaines personnes…) . C’est vrai, mais l’identité de la personne amputée n’est-elle pas affectée suite à ce genre d’évènement ?
Il existe donc un lien corps-mental assez étrange entre la perception que nous en avons et le fait que nous sommes un tout indissociable. Les études d’une psychologue de Harvard, Amy Cuddy, montrent qu’une simple modification de posture change notre attitude et vice versa. Ces changements modifient même les sécrétions d’hormones (cortisol, testostérone, …). Suite à des études entre des postures de soumission ou de pouvoir, elle a remarqué que le simple fait d’adopter une position donne la sensation associée et donc influe sur le caractère.
Par exemple, l’ouverture des bras et des jambes par rapport au tronc, ou le fait de mettre les mains en l’air pour exprimer le pouvoir ou la fierté, provoque cette sensation si on se place ainsi. Et les personnes aveugles n’ayant jamais vu ces positions les adoptent instinctivement. L’inverse: bras repliés contre le corps, genoux légèrement croisés, dos courbé et vous voilà dans une position de soumission, faible et vulnérable.
Un petit exercice simple. Asseyez vous au bord de votre chaise, comme prêt à vous lever, dos droit et concentrez-vous sur deux points: 2 cm en dessous de chaque œil. Cela donne souvent une sensation de détermination. Vous remarquez donc que la zone du corps où vous portez votre attention a aussi un effet !
Ce qu’il est intéressant de retenir de tout ça, c’est que même en faisant semblant, ne serait-ce que 2 minutes, la posture adoptée va influer sur le caractère (l’inverse étant vrai également). Le corps et le mental sont donc vraiment indissociables, même quand nous n’y faisons pas attention.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, et pour vous simplifier la vie, je vous poste ici le lien vers la conférence TED de Amy Cuddy (conférence TED en anglais avec sous-titres en 22 langues mais pas de français :/ ).
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