Les Robots et la Vie
Depuis que la Science s’est mis à chercher les « Lois de l’Univers » et de la Vie, les points de vue divergent entre vitalisme et mécanisme.
Pour les mécanistes, les Lois régissant le monde du Vivant sont, comme pour le reste de l’Univers, des mécanismes automatiques. Ce sont le résultat d’une force aveugle et stupide qui a réussi au fil du temps à trouver une cohérence et une logique propre à son auto-propagation et entretient. Ainsi, tout pourrait s’expliquer en désassemblant la « mécanique biologique » en sous-ensembles de lois physiques et chimiques. Pour ce point de vue, toute matière, qu’elle soit minérale, végétale ou animale est soumise aux mêmes lois.
À l’inverse, pour les vitalistes, les êtres vivants se distinguent de la matière inerte par une force vitale, intelligente. C’est elle qui ferait la différence et qui animerait la matière inerte d’une certaine cohérence et intelligence.
Ces idées entraînent à leur tour d’autres conclusions. Premièrement, c’est que si le monde est un ensemble mécanique, alors on peut imaginer que toute forme de vie n’est qu’un modèle de robotique très avancé. Mais cela implique alors un créateur, un inventeur de ces machines pour que tout cela commence à un certain moment. Et là, deux idées s’offrent à nous:
- soit l’inventeur est un hasard purement mathématique, sans sens, sans raison. Il n’y a que les règles du jeu sorties de nulle part (les lois physiques) et le chaos à partir duquel se fait une soupe primitive de laquelle sont sortis des robots parfaits au fil du temps.
- soit le tout commence par un ordre entre tous les phénomènes, une sorte d’intelligence inhérente à l’univers qu’on pourrait appeler la force vitale qui coordonne tous les processus, donne un sens et une logique, et qui permet de faire évoluer la matière de minéral au stade végétal puis animal.
En ce moment, c’est plutôt la version mécaniste qui est au menu du jour: on étudie avec minutie, on dissèque, on sépare, on analyse pour comprendre l’infiniment petit. On parle de soupe primitive dans laquelle s’est formé l’ADN puis une cascade d’évolutions qui ont suivi. Cette idée fait partie de ce qu’on peut appeler les mythes fondateurs. Il rejoint et découle du mythe du monde en tant qu’artéfact, et contribue donc à orienter la pensée, la philosophie et le comportement de toute une civilisation. En l’occurrence il s’agit de la civilisation dite occidentale. Cette approche permet de comprendre ce qui nous entoure et de réutiliser ce que nous comprenons pour notre avantage (essor de l’électronique par exemple). Mais il y a, comme pour toute chose, également un effet plus pernicieux: une fois que tout n’est que machine, tout devient remplaçable ! Un Humain, une valve cardiaque, une voiture: tout n’est que pièce à changer. Un Humain n’est plus qu’un travailleur et un consommateur qui fait fonctionner l’économie (dont il a lui même créé toutes les lois); une vache n’est plus qu’une unité de production d’où il faut tenter d’obtenir un rendement maximal. Le sens des êtres vivants perd son sens, sa valeur: la Vie devient absurde et sans but autre que de s’auto-propager. C’est de là aussi que peut s’expliquer le mythe de la loi du plus fort pour la survie, pierre angulaire de la théorie de l’évolution.
Maintenant, considérons une intelligence universelle, inhérence à toute chose, une force vitale à l’échelle du monde. Si celle-ci possède une intelligence, il est fort probable qu’elle ait un but: se rendre compte d’elle-même, s’amuser à inventer des histoires et voir ce qu’il est possible de créer… cela n’a plus du tout le même goût ! La Vie ordonne, organise et se déplace constamment. Même si elle créer du chaos autour d’elle, elle est une grande source d’ordre. Les processus inorganiques au contraire, dispersent, se refroidissent et deviennent inertes.
La Vie a ça de différent qu’elle s’affranchit des besoins et des lois de la matière inerte. La plante amène à elle les substances dont elle a besoin pour sa croissance. L’animal a des processus physiologiques qui lui permettent de ne pas s’occuper en permanence de ses besoins vitaux (eau, nourriture, température). Le corps de l’animal est au service de sa volonté, de son libre arbitre. Et c’est cette notion de choix qui est une démarcation fondamentale entre la vie et le monde inorganique à mon sens.
Le Dr Salmanoff traduit bien cette idée dans Secret et Sagesse du Corps:
La matière inerte « n’est pas une matière morte », parce qu’elle garde en puissance la transformation possible en matière vivante. […] De ce point de vue, on pourrait considérer la vie comme une résultante d’une grandiose organisation de tourisme mondial pour l’élite de la matière inerte, qui s’envole dans l’oasis peuplée des êtres vivants. Cette oasis n’est pas toujours confortable, souvent même assez désagréable. Mais l’excursion est tellement intéressante que cela vaut la peine d’avoir vécu, même une minuscule parcelle de la vie.
Je n’ai pas la réponse sur la mythologie à prendre, mais j’aime à croire que la Vie a un sens et une valeur spéciale.
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